Chennai, culture masala*

L’Inde, teintées aux couleurs du sud, tant par sa cuisine épicée que par ses visages venus d’ailleurs. Sa population est fière d’avoir choisi Chennai pour tout ce qu’elle caractérise. Récit d’une ville unie par sa diversité.

DSC_0263Chennai, port majeur de l’Inde du Sud où débarquent sur le même quai les intellectuels, les familles conservatrices, les entreprises délocalisées et toute une flopée d’expatriés mais aussi les fervents défenseurs de la culture artistique indienne et les âmes volatiles en quête d’espace pour vivre. Chennai est toutes ces choses. Un Madras recomposé et pas moins authentique, qui s’est forgé une identité propre et singulière au fil des années. L’ancien fort est à présent vaste et cosmopolite.
Ouverte sur le monde par la mer, la terre et les airs, la mégalopole séduit, et dissuade parfois, pour son mode de vie désordonné, rocambolesque, mais attachant. Chacun semble y avoir sa place et tout existe dans une harmonie presque étonnante.

Plusieurs ambiances, plusieurs visages

Tout a débuté au fort Saint Georges (maintenant siège administratif et militaire du gouvernement) et son quartier historique et populaire George Town. Déjà portugaise, puis anglaise, française et enfin indienne, la ville a malgré tout résisté à chaque bataille pour conserver son emprunte.

Aujourd’hui, le temps s’est arrêté dans les rues du Old Madras. Le village semble encore petit sous les magnifiques immeubles de son âge d’or, maintenant en friches. Un peu plus au sud, un autre cœur bat à Mylapore-Triplicane. Coloré et chantant, le labyrinthe des passages, autour du temple Kapaleswarar, vibre au rythme de vie intrépide de ses habitants.

DSC_0351Sous le fleuve Adyar, qui, selon la légende, pourrait tuer quiconque s’y baignerait en quelques heures seulement, Besant Nagar envoûte par sa douceur de vivre. Avec sa plage propre et peu fréquentée, Elliott Beach, le front de mer a le vent en poupe, notamment auprès des expatriés, qui prennent leurs quartiers plus au sud, à Triyuvanmiur. Mais elle est loin de faire de l’ombre à l’icône de Chennai, Marina Beach, qui porte le titre de deuxième plus longue plage du monde, après Rio. Au crépuscule, un samedi soir, le lieu devient l’attraction favorite des chennaïtes.

Entre Vélachéry et Anna Salai, l’artère logistique et commerciale de la ville, le luxe survient parfois de nulle part. Complexes hôteliers et malls du futur, les infrastructures sortent de terre sans prévenir, du jour au lendemain, entre guettos et stations d’essence. La banlieue de Chennai n’est pas en reste. Avec Kovalam Village, Mahabalipuram et Pondichéry pour une poignée de kilomètres, la mégalopole de 7 millions d’habitants ne néglige pas son pouvoir d’attraction.

Un art de vivre à la madrasienne

Au-delà d’un urbanisme attentif à la qualité de vie de ses habitants, l’expérience le confirmera : les habitants du Tamil Nadu, curieux et bienveillants, seront d’une gentillesse incomparable. Peu s’avèreront être nés à Chennai, mais chacun, avec son histoire, ses racines, sa caste et sa religion, trouvera sa place sans difficulté dans cette ville. Ventrayan a quitté Bombay il y a trois ans pour un meilleur travail : « tout allait trop vite, je ne prenais pas le temps de vivre. A Chennai, j’ai eu l’espace dont j’avais besoin », raconte-t-il. Pour Tina, qui est venue du Kerala pour faire ses études ici, elle ne s’est jamais sentie seule : « Quand je rentre dans le bus en heures de pointe, je fais passer l’argent de rangée en rangée jusqu’au conducteur pour payer mon ticket. C’est la seule ville où je vois une entraide pareille ». Sa gastronomie peut être également un argument. Typiques, pimentés et réputés, les plats à base de Biryani, de Dal (lentilles), de paneer (fromage) ou encore de chapathis (pain indien), se dénicheront à chaque coin de rues.DSC_0426

Chennai est un village géant où il est possible de croiser quelqu’un que l’on connait aux endroits où l’on s’y attend le moins. Il est aussi aisé de se faire des amis éphémères, en échangeant un sourire comme simple gage de confiance. Comme un caméléon, elle se métamorphose au gré des rues. Le faste laisse place à la pauvreté en un claquement de doigts. Les ghettos se mêlent aux bâtisses chics et colorés. Ces dernières années, certains cafés typiques occidentaux ont même germé aux quatre coins de la ville (The Brew Room, à Besant Nagar ; Chamiers Café sur Chamiers Road ; Double Roti à Alwarpet, ou encore Amethyst sur Whites Road).

DSC_0356 - CopieCôté tourisme, Chennai se fait souvent voler la vedette par Pondichéry pour sa ville blanche, Madurai pour ses temples ou encore Mahabalipuram pour sa plage paradisiaque. Si l’ex-Madras se développe à son rythme, il conserve en lui des traditions indiennes dont il est fier. La danse Bharata Natyam, la musique carnatique, ou encore son art du textile continuent d’attirer des amateurs venus du monde entier. Alors que le Rhajastan éblouit avec ses palais, que le Kerala prône la tranquillité avec ses longues plages et ses backwaters, que le Ladakh donne le vertige avec des paysages de montagne à couper le souffle, que Kolkata séduit les amoureux de culture et d’histoire, que la mystique Bénarès submerge d’émotions, Chennai, elle, se vivra, à l’indienne et au jour le jour avec la grâce qui la caractérise.

*Dans la cuisine indienne, le masala désigne un mélange d’épices.

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